Le WC utopique



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Das utopische Klo

Auteur: Annette Schlemm et al.

Résumé et traduction de l'allemand à l'espagnol: Javier Fdez Retenaga

De l'espagnol au français: Maï (décembre 2002)

Toute utopie doit se mesurer à sa capacité

de résoudre le problème du nettoyage des WC

Au début était la nécessité

Rien n'arrive s'il n'y a pas au départ un besoin. A une autre époque c'était différent. Vous vous rappelez? Dans le capitalisme d'antan il était indispensable d'augmenter l'argent et les investissements en bourse. Et on y ajoutait d'autres besoins, que les gens les voulussent ou pas. Créer des besoins là où il n'y en avait pas était le plus grand art. Et si une personne, malgré tous les efforts et pièges publicitaires, continuait malgré tout à n'en ressentir aucun - même si cela lui aurait permis de gagner beaucoup plus d'argent -, elle était hors jeu, larguée, éjectée. Cette époque a touché sa fin. Maintenant toutes les activités économiques ont comme objectif de satisfaire les besoins. Dans mon cas c'est pareil - je me permets de l'imaginer -, WC utopique, j'existe seulement parce que des personnes très concrètes ont de temps en temps un besoin.

«Mes» personnes font partie d'un groupe d'environ huit à douze membres qui ont choisi de vivre ensemble. A l'occasion des personnes concrètes peuvent varier, mais il y a un noyau que reste uni. Quand, il y a environ deux ans, elles se sont mises d'accord sur le logement dans lequel elles voulaient avoir leur chambre individuelles et le séjour, elles se sont occupées de tout ce qu'elles considéraient important. Elles sont rentrées à la Coopérative Alimentaire locale, se sont informées sur qui aimait manger quoi, le genre de plat que chacun aimait et..., bien sûr, le besoin qui en résultait était satisfait dans le vieux WC qui était déjà là. Je ne sais pas pourquoi c'est le dernier lieu que les gens considèrent important.

Je ne saurais pas dire depuis quand j'existe, vu que, de par notre condition, nous vivons déjà de manière immatérielle dès que quelqu'un commence à se demander où est-ce-qu'elle va pouvoir satisfaire son besoin.

... et on travaille pour économiser du travail

Je peux dire que pendant un temps on a continué à conserver l'ancienne cuvette des WC, jusqu'à ce qu'on trouve un nouvel usage au matériel. Elle a été construite, comme marchandise, il y a quarante ans dans la chaîne de montage d'une grande usine de sanitaires. Il y avait là des dizaines de types et de formes différentes de cuvettes de WC. On en fabriquait des milliers de chaque type, de forme identique, dans la chaîne de montage, de manière presque totalement automatisée; à la fin de la chaîne seulement il y avait des personnes, presque toujours des femmes, qui les blanchissaient à la main une dernière fois.

Les choses produites étaient mises sur le marché et il fallait attendre qu'il arrive quelqu'un avec un besoin correspondant, qui la trouve à son goût et qui eût à disposition l'argent nécessaire pour l'acheter. Bon, et en général ça marchait. En tout cas, l'effort à faire pour convertir en argent l'objet produit était chaque fois plus grand en comparaison avec celui qui était nécessaire pour produire les choses. A un moment donné on a commencé à demander aux acheteurs de quoi ils pouvaient avoir besoin, pour ne produire les choses qu'après la commande. Pour cela il a seulement fallu que la technique devînt plus flexible, mais les problèmes techniques sont toujours les plus simples à résoudre. Et on aurait pu continuer comme ça beaucoup d'années encore...

Mais il est arrivé un moment où les gens ont trouvé trop bête de continuer à travailler comme des automates, ou être remplacés par des machines automatiques, et de n'avoir toujours pas assez d'argent pour acheter les choses nécessaires pour satisfaire leurs besoins. En même temps ils voyaient que les choses étaient produites en trop grande quantité. Le vieux WC que nous avions connaissait très bien cet ancien monde. Dans sa jeunesse il fut acheté dans un commerce de matériaux de construction par un artisan et il a terminé dans une maison où on le nettoyait et le désinfectait quotidiennement. Curieusement, la femme que devait le faire ne faisait pas partie du groupe de personnes qui l'utilisait.

Il s'est retrouvé après dans notre maison et il est devenu le centre d'attention, ce qui le rendait pas mal fier. Malheureusement cette attention n'était pas des flatteries et des soins, mais les disputes sur qui devait le nettoyer. Les occupants de la maison ont souvent changé, l'immeuble a été transformé, les années ont passé, mais les disputes demeuraient les mêmes. Quand a surgi l'idée de moi, le WC utopique, la manière de produire les choses avait changé. Il n'existe plus d'entrepôts de marchandises fabriquées automatiquement, loin de la portée des travailleurs au chômage. Quand, au XXIe siècle, il est devenu techniquement possible que ceux qui avaient besoin de quelque chose pussent exprimer directement leurs désirs et que, à partir de ce moment, eux-mêmes et d'autres pussent mettre la main à la pâte pour le produire, l'intervention de l'argent et du marché est devenue superflue. On produit ce dont on a besoin. Techniquement, tout est possible; comment ce sera fait, c'est aux gens de décider. Dans les marchés locaux, il y a très longtemps, on produisait aussi à peu près ce dont on avait besoin. La plupart des WC chacun se les faisait chez soi, bien qu'on dût souvent faire appel à un artisan. Seuls les WC de luxe étaient construits ailleurs et les commerçants les portaient à ceux qui pouvaient les payer. Plus tard ces commerçants ont cessé d'être nécessaires vu que c'était l'argent essentiellement qui réunissait sur le marché les produits et les consommateurs. C'était plus commode pour les individus car ainsi ils n'avaient à s'occuper que de leur travail et ils n'étaient pas concernés par la provenance des choses dont ils avaient besoin. Avec de l'argent on pouvait acheter n'importe quoi. Ces structures dispensaient les gens de s'occuper de l'organisation. Maintenant les gens s'occupent de nouveau directement de comment satisfaire leurs besoins, ils doivent s'organiser eux-mêmes: au moyen de la division du travail dans la communauté, au moyen de délibérations, d'accords et en prenant soin de les mettre en pratique avec la plus grande efficacité possible. Pour éviter que tous aient à s'occuper de tous les détails, chacun prend en charge certaines choses. Une personne décide de s'occuper de telle affaire et c'est elle qui la prend en charge. Elle ne peut obliger personne à collaborer. Si cette personne ne trouve personne qui veuille faire ce qu'elle lui propose, cela veut dire qu'elle s'est embarquée dans quelque chose que plus personne ne juge nécessaire. Par exemple, jusqu'à présent il n'y a pas eu suffisamment de personnes qui aient ressenti le besoin d'entreprendre une carrière spatiale. C'est pourquoi le programme spatial a été congelé, même du temps où il y avait des «experts» qui disaient que l'humanité devrait un jour abandonner son berceau cosmique, la terre. Mais bientôt il n'y aura plus personne pour dire ce genre de choses: je le sais parce que pas une des personnes qui s'assoient sur moi ne lit de la «littérature utopique».

Quant aux choses dont beaucoup de gens ont besoin, telles que les petits pains sur la table tous les matins, ou bien les services de votre humble serviteur, bien sûr, on trouve toujours des gens pour s'en occuper. Ceux-ci se soucient surtout de faire que les autres aient à investir le moins de travail possible, sauf quand l'affaire est si agréable qu'ils la prolongent même au-delà du strict nécessaire. D'une certaine manière, on distingue à peine quand est-ce-que les gens travaillent et quand est-ce-qu'ils ne travaillent pas. La plupart des gens sont toujours actifs, ils sont toujours en train de faire quelque chose, d'une manière ou d'une autre. La plupart du temps avec grand plaisir, d'autres fois moins. Je sais bien qu'on remettait toujours à plus tard la question de la construction du WC, vu que personne ne voulait s'en occuper. Mais le vieux WC a rapidement cessé de plaire à ceux qui habitaient chez moi et alors ont commencé à surgir des idées sympathiques qu'on écrivait sur le mur et qui, à un moment donné, ont donné naissance à un vrai WC.

Ma trajectoire vitale

Quand «mes» personnes se sont réunies pour me planifier, elles ont fait beaucoup de blagues sur le sujet. Elles ont appelé ça `tempête d'idées'.

Le débat sur ce que eux-mêmes voulaient et pouvaient faire et sur ce qu'ils devraient demander à d'autres pour savoir s'ils le feraient pour eux, a duré un long moment. Il a fallu faire une petite recherche sur Internet pour voir qui se portait volontaire pour faire ceci ou cela pour d'autres, ou bien qui avait ceci ou cela en trop et qui pourrait être utile. A cet effet on a créé une page web appelée «wcthérapie» dans laquelle on recherchait tout ce qui avait rapport à la construction et l'utilisation des WC. Un jour, tous ceux qui aujourd'hui m'utilisent se sont assis autour de cette page pour concrétiser les divers paramètres d'un éventuel WC. Ils ont réfléchi pendant un bon moment jusqu'à ce que le besoin de disposer d'un nouveau WC a fait surgir une ébauche préliminaire. Et ce n'était pas rien tout ce qu'il fallait décider!

Il arrivait même qu'on ne formulât pas certaines possibilités tant que mes utilisateurs ne voyaient pas qu'il existait une solution technique. Ainsi, mes utilisateurs ne s'étaient pas encore aperçu qu'on pouvait mettre des dispositifs spéciaux pour rendre mon utilisation plus facile aux petites enfants. Et comme ils ont aussi voulu prévoir la possibilité que les petits enfants m'utilisent - certains de mes usagers projetaient déjà d'avoir des enfants -, ils ont intégré en moi toute une série de dispositifs qui allaient faciliter la vie à leur descendance. Pour ce dessin ils se sont appuyés sur la page web dédiée à ce sujet, dans laquelle apparaissaient continuellement de nouveaux modèles basés sur les premières ébauches. Ceci a beaucoup aidé mes usagers à imaginer quel serait le résultat s'ils prenaient telle ou telle décision. Ils auraient même pu donner forme à ces modèles dans leur propre salle de bain, mais mes usagers ne l'ont pas considéré nécessaire.

Ce genre de chose aurait été très différent avant le Grand Changement Social. A l'époque il n'existait pas de processus de planification de ce genre, mais les personnes qui avaient un besoin ne pouvaient qu'aller à quelque grand magasin où ils pouvaient trouver des WC déjà finis. Et pour ces trucs en toc si peu utiles les gens d'alors dépensaient quelque chose qu'on appelait l'argent, et qui pour eux était tout. Quelque chose que j'arrive à peine à imaginer.

Mais ne croyez pas que c'était simple pour mes usagers de prendre les décisions précises pour satisfaire certains besoins. Dans la page web il apparaissait des études minutieuses sur la quantité d'énergie et de matières premières requises pour réaliser tel ou tel désir, ainsi que sur ma production et ma maintenance. Il y a eu une vive discussion sur l'importance d'une surface qui rejetât la saleté, pour faire en sorte que, en ajoutant un dispositif d'eau courante, il n'y aurait pas besoin de la nettoyer. Malheureusement une telle surface ne peut se faire, même aujourd'hui, qu'avec une grande dépense d'énergie, et mes usagers ne voulaient pas la gaspiller.

Avant aussi il y avait de vives discussions, mais elles tournaient autour de je ne sais quels chiffres abstraits au lieu de l'utilisation de l'énergie et de l'environnement. Bien sûr, les gens qui disposaient de beaucoup de ce funeste argent ne discutaient pas beaucoup à ce sujet, mais dans les familles où il faisait défaut, de tels débats faisaient l'objet de continuelles disputes. Cela a dû être terrible. Parfois je me demande comment les gens pouvaient se supporter les uns les autres.

Finalement on a formulé tous les souhaits, on a calibré tous les besoins à satisfaire en tenant compte de leur impact sur l'environnement, et on a pris toutes les décisions. A la fin, tous mes usagers se sont mis d'accord sur la décision adoptée, car tous pouvaient s'y reconnaître. Je me demande si c'est pour ça que mes usagers me traitent avec tant de soin.

Quoi qu'il en soit, on a fait le pas suivant vers ma matérialisation. Le dessin de mes usagers, avec l'aide de la page web, était terminé. On l'a envoyé à un groupe de gens qui travaillaient aussi sur le web. Il y avait quelques détails dans le dessin du WC que le logiciel du web n'arrivait pas à traiter, de sorte que les dessins ont dû être testés à nouveau par une personne pour vérifier s'ils étaient réalisables. Certes, ceux qui se chargeaient du web développaient le logiciel de manière permanente, mais à travers la communication constante avec les utilisateurs potentiels du WC il surgissait de nouveaux besoins et d'autres réalisations possibles, de sorte que le défi de développer la meilleure page web possible pour dessiner des WC était toujours là.

Rien à voir avec la procédure d'antan. Il existait quelque part quelques ingénieurs ou chefs d'entreprise solitaires qui, dans la même solitude, prenaient leurs décisions sur leurs dessins. Ils savaient sûrement les uns et les autres ce qu'ils faisaient, mais ils partaient simplement de présupposés erronés, étant donné qu'ils ne disposaient pas du savoir accumulé par les usagers de leurs dessins. Avant le Grand Changement Social, ces produits étaient mal dessinés et étaient à peine aptes à être présentés aux éventuels usagers en grande cérémonie. Et ce n'était qu'après que ces dessins fixes (et nonobstant fabriqués en masse) eussent été ou non acceptés par les usagers qu'on découvrait s'ils étaient quelque peu utiles. Quel gaspillage d'énergie et de ressources pour des choses dont peut-être personne ne voulait!

Ma matérialisation allait bientôt se réaliser. Mon dessin était déjà prêt dans l'ordinateur, de sorte qu'avec le logiciel correspondant il n'y avait pas de difficultés majeures pour convertir ce dessin en instructions pour le parc de machines qui finalement a effectué sa matérialisation. C'étaient des machines vraiment formidables! Elles ne faisaient pas seulement des WC, non. Dans la machine d'à côté, par exemple, c'était une chaise qui était en train de prendre forme.

Une bonne partie de ma matérialisation consistait dans le fait que les matérialisateurs, aujourd'hui très répandus, fabriquaient des pièces brutes qui, après, avec l'aide de certains processus techniques, étaient transformées en d'autres matériaux plus aptes pour l'utilisation qu'on allait leur donner. Ainsi, certaines pièces qui, au début, avaient été préparés comme modèle avec de la résine synthétique, ont par la suite été fondues et faites en métal. Naturellement, les modèles pouvaient être fondus à nouveau et on pouvait réutiliser le matériel, de sorte que seules les pièces nécessaires étaient formées à partir de matières premières nouvelles.

Avant, au contraire, les machines étaient beaucoup plus spécialisées et ne pouvaient fabriquer que des choses très concrètes. Le fait est que le développement technologique s'est poursuivi à assez grande vitesse et, simplement, il s'est avéré plus pratique d'avoir quelques matérialisateurs universels que beaucoup de machines hautement spécialisées. Ce développement a ensuite été favorisé par la multitude de Projets Libres qui ont surgi avant le Grand Changement Social. Comme beaucoup de ces projets travaillaient fondamentalement sur des informations autour de certains produits déterminés et leur fabrication, les matérialisateurs sont devenus chaque fois plus nécessaires. Plus tard, quand toujours plus de Projets Libres s'occupèrent de la création de ces matérialisateurs, de plus en plus de Produits Libres sont apparus.

Quand j'ai été matérialisé j'ai été introduit dans une chambre obscure et, après quelques bousculades (peut-être que le programme qui régulait la courroie de transmission avait quelque virus?), mes usagers m'ont vu pour la première fois. Et mon montage n'a pas été compliqué du tout étant donné que les connexions pour mon installation avaient été si bien réglées et simplifiées que n'importe qui pouvait les faire en un clin d'oeil.

Comme le groupe avait investi pas mal de temps à étudier l'affaire, on a confié au responsable la tâche de transmettre à celui qui se chargeait de la page web toutes les nouvelles idées qui surgissaient, pour qu'ainsi d'autres pussent aussi tirer profit de leurs expériences avec moi. Avant, quand la connaissance était privatisée et commercialisée sous forme de brevets et de licences, dans la transition vers l'actuelle utilisation libre par tous de toutes les idées, on a commencé à utiliser un nouveau brevet, créé pour la première fois dans le domaine du logiciel libre: la GPL (License publique générale). Avec cette licence, les plans, la documentation et tous types de textes pouvaient être utilisés à condition qu'on s'engage à les redistribuer librement, en les maintenant hors de l'emprise de l'économie de vente et achat.N'importe qui pouvait faire des modifications, à condition que les versions antérieures demeurassent documentées avec leurs auteurs respectifs. Dans les textes,l'ancien copyright est devenu un copyleft. Comme ce texte que tu as devant les yeux, qui est apparu dans sa première version sous un copyleft, des dizaines de personnes ont collaboré et l'ont modifié comme bon leur a semblé.

De nos jours il ne vient à la tête de personne de maintenir quelque chose d'important dans le domaine privé ou d'exiger une compensation en échange; de là qu'il soit à peine nécessaire de faire usage de la GPL ou de la mentionner explicitement. Le règlement de la propriété des personnes d'aujourd'hui se base sur ces principes. Pas seulement les connaissances - pour lesquelles a surgi la GPL à l'origine -, mais aussi tout le matériel informatique (hardware), les moyens de production et de consommation, se trouvent sous GPL. Tout le monde peut profiter, employer, redistribuer et développer ce dont ils ont besoin. Depuis la fin du XXe siècle il n'arrive plus qu'il n'y ait plus assez de choses pour tout le monde et, par conséquent, on n'a pas à subir cette sorte de «gestion de la pénurie». En réalité, cette gestion de la pénurie a caractérisé toutes les sociétés antérieures et elle s'est exercée soit par la domination autocratique, soit par le pouvoir, apparemment impartial, de l'exploitation du capital Toute l'organisation du mode de gestion des moyens nécessaires était soumise à ces pouvoirs, ce qui allait à l'encontre des intérêts des personnes et provoquait de graves dommages à la nature. Avant le Grand Changement Social, la situation était schizophrénique: on vivait dans une société d'abondance (on produisait des centaines de WC qui n'étaient jamais utilisés), les gens se plaignaient de ne plus pouvoir travailler (ils avaient besoin d'emplois pour trouver l'argent qui leur permettrait d'acquérir ce dont ils avaient besoin), et en même temps il y avait de plus en plus de personnes dans la pénurie, et, dans la mesure où elles ne pouvaient pas se permettre de participer à la vie économique, elles restaient en marge de la société.

Quoi qu'il en soit, moi aussi je suis sous GPL. Proprement dit, je n'appartiens à personne; celui qui a besoin de moi m'utilise pour ses besoins. Et pour quoi d'autre? Il fut même un temps où il fallait payer pour utiliser mes «collègues». Qui n'avait pas d'argent, ne pouvait pas faire ses besoins.

Après l'utilisation, arrive toujours le moment de faire le nettoyage

Ainsi, nous en venons de nouveau au problème du nettoyage. Je crains que tous préfèrent faire n'importe quoi plutôt que de me nettoyer, et cela même si je suis utopique. Le nettoyage des toilettes est la tâche de tous et ils la font par roulement. Les saletés qui restent visibles sont nettoyées sur le champ par celui qui les a faites. Je crois que cela avait même un nom avant. Ca s'appelait le principe du causant. Chacun assumait la responsabilité de ce qu'il avait causé. Si on élimine immédiatement les petits encombrements on n'a jamais à faire de grands travaux. Ca vaut la peine, non?

Certains font un nettoyage un peu plus à fond tous les jours, d'autres chaque plusieurs jours, mais alors plus minutieusement. Là dessus, chacun a sa méthode. On me fait souvent avaler des restes de vinaigre, car l'eau calcaire m'abîme pas mal. J'aime cette acidité. Pour cette raison, quelqu'un a pensé à changer l'arrivage de l'eau, mais les autres ont pensé que ce n'était pas nécessaire et que ce serait un gaspillage de ressources. De temps en temps ils changent les soins qu'ils m'apportent. Il y a même des «normes pour l'utilisation des WC» écrites, mais elles se trouvent dans le tableau d'affichage des blagues. En fin de comptes, ce sont mes personnes elles-mêmes qui décident comment elles préfèrent faire. Parmi leurs besoins il y a celui de ne pas passer son temps à négocier et de laisser les choses tranchées pour un temps. La manière de procéder s'harmonise et se décide avec le temps. On vient de tirer la chasse. Tu t'en vas? J'avais encore des choses à te raconter...